TIC: Le déficit énergétique, un frein à l’essor de l’IA au Cameroun

Les premières concertations nationales sur l’Intelligence artificielle (IA), qui se sont achevées mercredi 26 juin 2024 ont permis au gouvernement camerounais d’identifier les défis majeurs qu’il doit relever pour profiter pleinement de cet outil révolutionnaire, très gourmande en énergie électrique

des membres du gouvernement rassemblés lors de la cérémonie de cloture des Concertations nationales sur l'Intelligence artificielle

«Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle?». Cette interrogation était au cœur des débats organisés lors d’un sommet sur l’intelligence artificielle (IA) et les médias, qui s’est déroulé à Yaoundé du 4 au 6 mars 2024. Membre du tout premier panel constitué lors de cette importante réflexion, en sa qualité de ministre chargé des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng a dit un «grand Oui», à la vulgarisation de l’IA au Cameroun. «Le Cameroun est engagé à tirer parti de l’opportunité offerte par l’intelligence artificielle», a-t-elle affirmé. 3 mois après cette rencontre, l’utilité de l’intelligence artificielle n’est plus sujette à caution. Le gouvernement camerounais pense même à en faire un atout majeur dans le cadre du développement de son système financier. «L’intelligence artificielle est souvent utilisée pour la gestion des risques, la détection de fraudes, l’automatisation des processus, et l’analyse de données volumineuses pour une prise de décision éclairée, des prédictions précises et la personnalisation des services aux clients», a déclaré le Minpostel lors des Journées scientifiques sur l’économie numérique, organisées du 6 au 7 juin 2024 par le Comité national économique et financier (Cnef).

Défi energétique

Toutefois, si la volonté politique est au beau fixe, le Cameroun est encore loin d’avoir les moyens techniques, financiers et infrastructurels pour profiter pleinement des avantages qu’offre l’IA. Le 25 juin 2024, lors de la cérémonie d’ouverture des Concertations nationales sur l’Intelligence artificielle, qui se sont refermées mercredi 26 juin 2024,  Pierre Nkoa Ayissi, le directeur national de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) a rappelé les défis que le pays doit relever pour pouvoir rattraper son retard. L’un de ces challenges est l’accroissement de la production nationale d’énergie électrique. Reprenant les résultats d’une étude menée par le néerlandais Alex De Vries, spécialiste mondial des questions liées aux monnaies numériques et à l’intelligence artificielle, il a indiqué que l’utilisation constante d’une intelligence artificielle générative comme ChatGPT dans les pays développés nécessite le déploiement d’un nombre considérable d’outils informatiques qui consomment d’importantes quantités d’énergie électrique. «Pour faire fonctionner ChatGPT il faut quelque 3 617 serveurs, avec un total 28 936 processeurs graphiques, soit une consommation moyenne de 564 Mégawattheure d’électricité par jour. Si on intégrait ChatGPT dans chaque moteur de recherche Google pour répondre à chaque demande des internautes, cela nécessiterait 512 800 serveurs de type  A100, pour une consommation estimée à 29,2 térawattheure par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité de l’Irlande», a-t-il révélé.

Membre du Cnef, qui a récemment élaboré une stratégie de développement du secteur financier local qui préconise l’utilisation de l’IA et de l’Open Banking pour améliorer l’efficacité des opérations bancaires et financières, Pierre Nkoa Ayissi, conditionne son succès à l’accroissement du potentiel énergétique local. «Pour que le système financier camerounais tire également profit de l’intelligence artificielle, il est indispensable de se doter d’une infrastructure énergétique à niveau. C’est un facteur clé du succès de la transition numérique à laquelle nous sommes tous invités par le gouvernement. Le parachèvement des projets hydro-électriques en cours au Cameroun  nous semble à ce titre indispensable», a-t-il ajouté. Avec une puissance installée qui oscille entre 1500 et 1600 MW (chiffres dévoilés en avril 2024 par Eneo), alors que le pays dispose d’un potentiel hydroélectrique estimé à 20 000 MW, le gap à combler est énorme.

Concertations nationales sur l’intelligence artificielle

Minette Libom Li Likeng n’en dit pas moins. Le membre du gouvernement pense d’ailleurs que la qualité de l’internet doit également être améliorée pour profiter pleinement de l’intelligence artificielle. «Nous travaillons pour mettre en place l’environnement et l’infrastructure qu’il faut. Il n’y a pas d’intelligence artificielle sans production de données, il n’y a pas production de données sans plateforme technologique, il n’y a pas de plateforme technologique sans l’infrastructure, la connexion internet nécessaire, à haut débit. Au niveau du ministère des Postes et télécommunications, nous essayons donc d’améliorer cette infrastructure pour que nous ayons un terrain favorable à l’intelligence artificielle. Nous essayons également d’identifier nos priorités, de mettre en place la réglementation qu’il faut», a-t-elle déclaré lors des concertations nationales sur l’intelligence artificielle qui se sont achevées hier. Ces dernières avait pour objectifs de: Comprendre le concept de l’intelligence artificielle ; identifier les domaines d’activités impactés ou susceptibles d’être impactés par l’IA ; Examiner les enjeux éthiques et sociaux de l’IA et proposer des solutions pour atténuer les impacts négatifs, mettre en lumière le rôle de l’IA dans la réalisation des objectifs de développement durable ; explorer des pistes de solution pour adapter le cadre réglementaire à cette nouvelle technologie, formuler des recommandations et directives pour une régulation efficace de l’IA au Cameroun, proposer une feuille de route pour l’élaboration d’une stratégie nationale sur l’IA prenant en compte les dimensions éthiques, juridiques et sociales.

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