Culture de l’hévéa. Principal facteur de déforestation au Cameroun

L’Union européenne, le plus important importateur  du caoutchouc produit par les pays africains dont le Cameroun, est appelée à revoir sa loi anti déforestation.

 « Nos recherches montrent que les plantations de caoutchouc sont la plus grande menace pour les forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest et du Centre» annonce Giulia Bondi, chargée de campagne senior pour les forêts de l’UE chez Global Witness.  Cette ONG fait savoir qu’une enquête révèle que les plantations industrielles d’hévéa constituent le premier moteur européen de déforestation au Cameroun, au Gabon, au Libéria, au Nigéria, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les données satellitaires  de Landsat et Sentinel indiquent que les concessions de caoutchouc établies dans ces pays, sont à l’origine d’une zone de déforestation tropicale 16 fois plus grande que Bruxelles depuis 2000. Les écosystèmes touchés par les plantations de caoutchouc vont des forêts équatoriales anciennes du Cameroun et du Gabon, aux réserves forestières des autres pays cités. L’Union européenne est présentée comme le principal contributeur à cette situation. Car elle importe 30% du caoutchouc expédié par les principaux producteurs africains, soit 12 fois plus que ses importations d’huile de palme dans la région.  Presque toutes les plantations d’hévéa où Global Witness a constaté une déforestation appartiennent à trois sociétés internationales. Olam et Halcyon Agri, basées à Singapour, et la société belge Socfin, cotée à la bourse de Luxembourg. Halycon Agri et Socfin étant des fournisseurs de géants européens du pneu, dont Michelin et Continental.

L’enquête révèle également que l’industrie du caoutchouc menace la terre et les droits des communautés locales. Des conflits fonciers ont notamment été signalés au Cameroun. Des témoignages recueillis par un journaliste de Global Witness font savoir que des personnes appartenant à des groupes autochtones Baka ont été chassées de leurs terres sans avertissement ni recasement, dans le cadre du développement d’une plantation de caoutchouc de 11 600 hectares. «  Les terres utilisées par les entreprises pour planter des hévéas sont des terres perdues par les communautés. Les législateurs européens ont la responsabilité de protéger nos communautés et les forêts qu’elles protègent et dont elles dépendent » souligne Samuel Nguiffo, un militant forestier.

Cependant, le projet de loi de l’UE pour protéger les forêts européennes qui devrait être négociée et finalisée fin 2022 n’empêche le caoutchouc lié à la déforestation ou à la dégradation des forêts d’être acheté et vendu sur le marché de l’UE et n’oblige pas les banques à ne pas financer ces activités. Global Witness demande donc  à l’UE de renforcer sa loi anti-déforestation en veillant à ce que les importations de caoutchouc soient exemptes de déforestation, en protégeant les droits fonciers et autochtones et en obligeant les institutions financières à entreprendre une « diligence raisonnable approfondie ». Surtout que la demande en caoutchouc vers l’UE continue de croître. Elle est en hausse de 9 % en 2021 et devrait augmenter d’un tiers d’ici 2030.

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