Crise Minsep-Fecafoot : le film d’une réconciliation inespérée

Comment des actions convergentes ont abouti à une décrispation entre les deux institutions.

« Je commencerai par vous présenter des excuses parce que lors de notre première malheureuse rencontre, il y a eu beaucoup d’émotions. Je préfère le dire comme ça. Mais comme vous savez le peuple camerounais étant plus important que nous, c’est le seul intérêt qui devrait nous animer à travailler ». En ces termes, Samuel Eto’o a tenu à faire son mea culpa à l’endroit de Marc Brys avec lequel il a eu une altercation le 28 mai dernier. Venu à une convocation du secrétaire général de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), le sélectionneur des Lions indomptables qui est venu avec tous ses collaborateurs techniques désignés par le gouvernement, s’est fait accompagner d’une délégation du ministère des Sports et de l’Education physique (Minsep) conduite par Michel Dissake Mbarga l’inspecteur général des services, et Cyrille Tollo le conseiller technique N°2. Après s’être vus fermer la porte au nez, les accompagnateurs de Marc Brys seront admis dans l’enceinte, sur décision de Samuel Eto’o le président de la fédération. Pour que la suite soit une partie violente entre le patron des lieux et le sélectionneur et Marc Brys.

Deux jours après cet incident qui a vu le technicien belge être remplacé par un intérimaire (Martin Ndtoungou Mpile), la crise a pris des proportions inquiétantes. La Fécafoot tenait à reprendre de force le contrôle de la sélection nationale. Et une conférence de presse était ainsi convoquée pour ce 30 mai, avec pour objet la publication de la liste des joueurs retenus pour les deux matchs du regroupement de juin, en éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Avant que la vitesse soit brusquement ramenée à zéro.

Il n’y a donc pas eu de conférence de presse de Martin Ndtoungou Mpile. Initialement prévue pour se tenir au Centre d’excellence de la CAF, elle sera ramenée au siège de la Fécafoot à Tsinga. Mais à 11h, l’heure dite, pas de Martin Ndtoungou Mpile. La Fécafoot annonce le renvoi de l’échange à 15h, puis 16h. Entre temps, la maison du vieil entraîneur est encerclée par des hommes armés. La suite sera une démission manuscrite de l’homme, ainsi celles de ses adjoints David Pagou et Narcisse Tinkeu. Badauds et curieux campent devant le siège de la Fécafoot, d’où devrait se tourner le prochain épisode du film de guerre entre le Minsep et la Fécafoot. La polie qui a pris position des lieux depuis l’altercation, veille.

Le colonel Bamkoui et e ministre Mbarga Mboa en scène

Marc Brys, lui, est annoncé à l’ambassade de Belgique au Cameroun. Le Pr Mathias Eric Owona Nguini parle d’une « entrée en scène de la diplomatie belge mobilisée par la Fédération royale de Belgique pour sommer Brys de reconnaitre le président de la Fédération comme son patron direct ». C’est après ce passage à la représentation de son pas que le technicien belge va débarquer à la Fécafoot où l’a une nouvelle fois convoqué son employeur. Le Minsep tient une nouvelle fois à accompagner celui qu’il a recruté pour le compte du gouvernement. « Le chef central (Paul Biya, Ndlr) a procédé à une instruction de recadrage», renseigne Mathias Eric Owona Nguini. C’est que le ministre Philippe Mbarga Mboa est entré en jeu. L’homme a reçu Samuel Eto’o, au nom du chef de l’Etat, et a essayé de couper la poire en deux. Accédant à des doléances de la Fédération, mais en préservant l’image de l’autorité étatique, tout en sauvant les « Très hautes instructions » , objet de la discorde. Alors que la veille le colonel Emile Bamkoui, patron de la Sécurité militaire (le service de renseignement de l’armée), est entré en jeu. L’homme craint de toute a république a assisté à la réunion de préparation des matchs des Lions indomptables contre les Requins bleus du Cap vert et les Palancas négras d’Angola. Nul ne sait quel rôle jouait le puissant patron de la Semil à ces assises.

La délégation du Minsep arrive donc à 13h à Tsinga. Outre Michel Dissake, Marc Brys est accompagné seulement de son assistant Joachim Mununga et Christophe Manouvrier, préparateur physique. Une séance de travail à huis clos. Une heure durant. A la sortie, une communication à la presse. Le ton a changé. La page de la guerre est tournée. Il n’y aura pas de liste de joueurs, ni de communication d’un nouveau staff d’encadrement des Lions indomptables. Après ses excuses publiques, Samuel Eto’o annonce une nouvelle ère. « Je suis plutôt content d’avoir échangé avec le coach. Comme j’ai dit au sélectionneur, nous avons des convictions, nous ne changerons pas. (…) je pense que pour certains d’entre vous le côté administratif qui nous posait des problèmes à l’époque où on avait des résultats, on n’a plus ce problème. Et, je pense que le coach qui vient d’un environnement où il aura besoin de ce côté administratif très professionnel, il était donc important de maintenir le cap pour le Cameroun », indique Samuel Eto’o. « Nous avons eu des très bons entretiens. Et c’est un peu normal parce qu’on a le même objectif. C’est clair le plus important c’est les trente millions des Camerounais. Ça donne un peu de charge sur notre boulot, mais si on travaille tous ensemble, ça va arriver (…) », confirme Marc Brys.

Et l’émissaire du Minsep de conclure : « L’heure n’est plus à la verbalisation inutile. Je pense que monsieur le président a eu une très bonne séance de travail avec ses entraîneurs. En bon chrétien, je dirais que le diable a finalement eu honte. Les vertus du sport ont prévalu lors de cette séance de travail : le fair-play, l’acceptation de l’autre, le respect d’autrui ». L’homme invite les journalistes « d’être venus et nous vous prions de bien valoir transmettre la bonne nouvelle au peuple camerounais. Pour qu’au soir du premier match, tout le monde rentre chez lui étant satisfait et content, le Cameroun est un grand pays de football. Donc je pense que tous les différends ont été aplanis », assure-t-il. Avant d’entonner l’hymne national. Après la pluie, c’est le beau temps, espère-t-on.

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